Les femmes sont-elles plus discriminées qu’avant au bureau ?
INFOGRAPHIES – Dans une étude publiée ce mercredi 6 juillet, l’Insee montre que le sexisme est devenu le premier facteur de discrimination chez les femmes. Le sentiment de discrimination a presque doublé dans ce domaine en 10 ans.
Les discriminations sexistes augmentent-elles dans les entreprises?
Le sexisme dépasse le racisme. Dans sa dernière étude sur le sentiment de discrimination en France, l’Insee indique que depuis 2009, le genre a dépassé l’origine ethnique comme facteur de discriminations chez les femmes. Le rapport publié ce mercredi 6 juillet indique que, parmi les femmes ayant déclaré avoir subi des discriminations, 46% évoquaient des faits liés au sexisme en 2019, contre seulement 28% en 2009. Une situation qui est particulièrement visible dans l’environnement de travail. « Significativement, les femmes sont plus touchées par les violences au travail que les hommes : 20,1 % des femmes se déclarent victimes contre 15,5 % des hommes », écrivait dans son rapport Violences et rapports de genre l’Institut national d’études démographiques (Ined). Près de 8 femmes sur 10 se disent victimes de plusieurs faits au cours des 12 derniers mois.
Pour Nathalie Leroy, avocate et enquêtrice au cabinet HER, spécialisé dans le harcèlement et les agressions sexuelles en entreprise, le nombre d’actes de discrimination n’a pas augmenté. « Il n’y a pas plus d’actes d’agressions ou de harcèlement sexuel dans les entreprises, précise-t-elle. J’ai l’impression que les choses restent en l’état, mais que les employeurs et employés arrivent davantage à mettre les mots sur des situations qui paraissaient ‘normales’ avant. » En partie parce que les employeurs sont obligés d’informer sur ces questions depuis 2018. Selon l’avocate: » Les harceleurs, souvent des hommes de plus de 50-55 ans, ne se rendent pas compte que ce qui était auparavant considéré comme des blagues est en réalité du harcèlement sexuel. »
S’il n’y a pas plus de harcèlement, Nathalie Leroy voit cependant qu’il y a plus de réactions. Et les chiffres de la Police nationale lui donnent raison. En 2012, les services avaient enregistré 3.674 crimes de harcèlement sexuel et autres agressions sexuelles contre des majeur(e)s, contre plus de 10.000 en 2021. D’une certaine manière, ces chiffres peuvent donc être interprétés comme une avancée dans la lutte contre les agressions sexistes et sexuelles. « On peut dire que c’est une bonne chose, de ce point de vue, abonde l’experte. Car s’il n’y a pas plus d’actes, il y a de plus en plus de personnes qui dénoncent ces agissements. »